Dans la virulente querelle qui oppose Adémar de Chabannes à Benoît de Cluse, ce dernier ne lui dénie pas une certaine connaissance de la grammaire. Sur l'un des plus attachants manuscrits dûs à la plume d'Adémar de Chabannes et légués par l'auteur à l'abbaye de Saint-Martial, une note le qualifie de "grammairien".
C'est surtout le chroniqueur ou l'ardent défenseur de l'apostolicité de saint Martial, auteur d'innombrables sermons, qui est connu. D'autres oeuvres autographes témoignent cependant d'une incroyable curiosité. Parmi elles figurent des textes illustrés regroupés dans le manuscrit conservé à Leyde, quelquefois comparé à l'album de Villard de Honnecourt, où se succèdent des images bibliques et allégoriques, la Psychomachie de Prudence, le traité d'Astronomie d'Hyginus, les Fables de Romulus, associés à des textes réunis par le moine tels que le catalogue des archevêques de Tours et des évêques de Limoges, le martyrologe de Bède le Vénérable, un traité des couleurs...
L'étude des miniatures d'Adémar, dessinées simplement à la plume, montre qu'il reproduit fidèlement ses modèles (enluminures et ivoires essentiellement). Leur choix trahit autant le respect de la tradition carolingienne et ses fondements antiques que l'attrait pour d'autres conceptions décoratives. Il témoigne donc parfaitement de la richesse d'inspiration de cette période d'élaboration de l'art roman. Certaines illustrations portent des lettres correspondant à des couleurs, comme si ces croquis étaient destinés à donner lieu à une transcription enluminée, les textes à être recopiés avec soin dans le scriptorium de Saint-Martial, pour compléter la bibliothèque du monastère.
Adémar est aussi l'auteur de pièces en vers, qui dévoilent son nom dans des acrostiches. On lui attribue également un Versus de sancto Marciale, texte poétique en l'honneur de saint Martial accompagné d'une double notation musicale : la complexité de la composition s'inscrit dans la création musicale très originale qui se développe à Saint-Martial de Limoges dans la première moitié du XIe siècle.