hide random home http://dmf.culture.fr/culture/archeo/gchdat.htm (Einblicke ins Internet, 10/1995)

Datation des peintures et autres traces humaines de la grotte Chauvet

Cinq mois après la découverte de la grotte de Chauvet-Pont-d'Arc (Ardèche) le 18 décembre 1994, le ministère de la Culture est en mesure d'annoncer les premiers résultats de la datation des traces humaines dans la cavité.

Avant même le début de l'étude scientifique du site, il est en effet apparu nécessaire de procèder à ces premières analyses, de manière à répondre aux questions les plus pressantes qui se posent lors de ce type de découverte : confirmer le diagnostic d'authenticité et apporter des premières indications sur l'âge des oeuvres découvertes.

Dès la visite d'expertise du 29 décembre 1994, puis lors de la présentation aux experts les 7 et 8 février 1995, des prélèvements ont été opérés sur des peintures, des mouchages de torche et des charbons au sol de la cavité afin de les dater par la méthode du radiocarbone.

Douze analyses distinctes ont été effectuées sur huit échantillons par le Centre de faible radioactivité de Gif-sur-Yvette (CNRS - CEA), le Centre de datation par le radiocarbone de Lyon (CNRS - Université de Lyon I) et le Research Laboratory for Archaelogy and history of art d'Oxford.

Effectuées dans des délais extrêmement courts en raison de l'importance de la découverte, les analyses des échantillons apportent des précisions sur les étapes de la fréquentation de la caverne :

échantillons prélevés sur les peintures animales (deux rhinocéros et un bison), fourchette de datation : de 30 340 BP ±570 soit entre 29.770 et 30.910, à 32.410 BP ±720 soit entre 31.690 et 33.130
échantillons prélevés sur les mouchages de torches, fourchette de datation : de 25.700 BP ±850 soit entre 24.850 et 26.570, à 26.980 BP ±410, soit entre 26.550 et 27.390
échantillons prélevés sur le sol, fourchette de datation de 22.800 BP ±400, soit entre 22.400 et 23.200, à 29.000 BP ±400, soit entre 28.600 et 29.400.

Pour mémoire, les analyses des prélèvements réalisés dans la grotte Cosquer à Marseille avaient indiqué pour la peinture d'une main la date de 27.110 BP ±390, ce qui en faisait la plus ancienne peinture rupestre du monde.

Les datations effectuées dans la grotte de Chauvet-Pont-d'Arc sont donc bien antérieures à celles de :

Arcy-sur-Cure (Yonne) : datation des charbons d'os recueillis sur le sol : 26.500 BP
Altamira (Espagne) : 15.000 BP
Lascaux : datation des charbons de bois par la méthode du carbone 14 : 15.000 à 14.500 BC
Pair Non Pair (Prignac et Marcamp en Gironde) : datation des chevaux, aurochs et mammouths : 25 000 BP
Niaux (Tarascon sur Ariège) : datation des peintures murales : 13.000 BP
Les Trois Frères (Ariège) : datation des charbons d'os : deux périodes distinctes : 23.000 BP et 13.500 BP.

Ces résultats font des peintures de la grotte Chauvet-Pont-d'Arc les plus anciennes connues à ce jour dans le monde entier. Ils bouleversent les notions admises jusqu'à présent sur l'apparition de l'art et son développement. Ces datations sont en effet la preuve que l'Homo Sapiens a très tôt acquis la maîtrise du dessin faisant de ses peintures de véritables oeuvres d'art.

Paris, le 2 juin 1995

Voir aussi : Découverte d'une grotte ornée à Vallon-Pont-d'Arc (Ardèche)


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